Limites De La Non-violence Et Le Pacifisme Face À Un Ennemi Sans Conscience Ni Moralité?

La non-violence est un concept utilisé souvent pour désigner une façon, manière de lutter , de réclamer un droit, d'exiger le changement d'une situation quelconque sans recourir à des actes violents et en n'usant que des méthodes pacifiques ( marche pacifique, mémo, sit-in, grève de faim... ). La non-violence est d'autant plus populaire comme outils de réponse face à des actes jugés inhumains , oppressifs et contre les intêrets du peuple. Parmi ses actes, on peut citer la mauvaise gouvernance, la ségrégation, l'injustice, les inégalités sociales etc …

L'idée de la non-violence s'est répandue grâce à des figures emblématiques qui ont lutté et milité pour les droits des peuples à travers le monde parmi lesquels on peut en citer quelques uns : le révérend Pasteur Dr. Martin Luther King (États-Unis), le Mahatma Ghandi ( Inde) , le Dalaï-lama Tenzin Gyatso (Tibet) etc... De ces personnes citées ci-dessus, nous pouvons bien constater qu'il s'agit des leaders et responsables religieux appartenant bien sûr à des religions qui prônent l'amour et la paix entre individus afin de vivre dans le monde comme dans un vaste village où tous sommes égaux sans distinction ou différenciation.  

Par cette brève présentation, nous pouvons concéder et accepter le fait que la non-violence est moralement correcte, car elle incite à tendre la main là où on tend le poing, offrir des fleurs là où on présente des baillonnettes, faire grâce à ceux qui apportent la crasse, donner conseil à ceux qui nous insultent etc… 

Ce qui paraît correct moralement, l'est-il toujours dans la réalité ? Si, moralement, se retenir face à une agression est correct, mais en réalité est-il correct, voir même efficace, de se laisser défiguré ou fracturé au nom de la non-violence?  Surtout lors que les conditions de depravation auxquelles on resiste ne changent pas. Souvent il est dur de constater que la morale au sens radical se détache vraiment de la réalité. Lorsque la non-violence se transforme en principe, au lieu d’être juste une tactique, le pacifisme qui en découle, quoique noble, devient impraticable voire un blocage au dévélopment de la lutte. 

D'où nous avons eu des figures et militants qui se sont opposés au concept de la lutte de non-violence comme l’unique approches face aux injustices. Ici nous pouvons bien citer  le révolutionnaire Malcolm X qui a dit que la liberté doit s’obtenir par tous les moyens nécessaires. Il était allé même jusqu’à dire que c’est illegal d’apprendre à un homme de ne pas se defendre lorsqu’il est constamment victime des attaques brutales. Nous pouvons aussi citer le révolutionnaire panafricaniste, théoricien, agronome, Amilcar Cabral qui avait d’abord commencé sa lutte avec des approches non-violentes. Mais face au terrorisme et à la repression des colonialistes portugais, son organisation (PAIGC) a été contraint d’entammer une sérieuse lutte armée pour l’indépendence de la Guinée Bissau et du Cap-Vert. Pour finir, Franz Fanon, un autre révolutionnaire panafricain a dit que dans le contexte coloniale, la violence est la meilleure, voire la seule solution pour résoudre effective les contradictions entre colons et colonisés. Il a dit que la violence permettrait au colonisé de se libérer du mensonge constant que représentent les fondations du système colonial, en plus de lui faire comprendre la valeur réelle que recèle son humanité.  Il y a bien eu d'autres mouvements qui ont eu recours à la violence pour défaire effectivement leur oppresseur, comme en Angola, au Zimbabwe, en Algérie, etc…. Même les impérialistes actuels ont eu recours à la violence pour leur révolution bourgeoise (Révolution Française, Révolution et Guerre d’indépendence Américaine).

Ainsi donc, il faut comprendre que la non-violence et la violence sont des tactiques ou des éléments dans la boîte à outils de l’oppressé. La logique conseille que lorsqu’un outil ne marche pas, il faut le remplacer, et cela s’applique à tout. En particulier lorsque la machine qu’on essaye de demonter est le système capitaliste, impérialiste, néocolonialiste et hétéro-patriarchal. C’est un système dont les fondations ont été posées par des actes de violence atroce comme la traite transatlantique, les massacres des populations indigènes ou encore la surexploitation des peuples. Dès le début, ce système s’est présenté comme un système de prédation dans lequel le plus fort dicte les règles, écrit l'histoire, nomme les territoires, impose la religion … Bref une vraie jungle où c'est la raison du plus fort qui est la meilleure ! Et dans le capitalisme, le plus fort est synomyme du plus riche, donc la minorité bourgeoise.

Plus encore, ce système se maintient à travers des actes de violences, pas seulement physiques (guerres et conflits) mais aussi structurelles, économiques (les sanctions et blocus économiques), psychologiques, et nous en passons. Même lorsque le système prône la diplomatie, qui est une forme de non-violence, il n’hésite pas de recouvrir à ses pratiques naturelles d’intiminations violentes. De ce fait lorsque toute approche non-violente est inéfficace ou devient suicidaire face à un tel adversaire, et toute personne douée de logique doit changer de méthode. Surtout si la personne est serieuse au sujet de la lutte. Ainsi donc il faut comprendre que l’on ne doit pas se limiter lors qu’on veut vraiment bouger les choses surtout face des systèmes dans lesquels gangrènent les maux les plus torrides dont la corruption, les injustices, inégalités, etc… Ce qui est sûr est que l’adversaire ne sera pas limité dans ses moyens.

Dans le contexte africaine qui est encore visiblement sous-dévéloppé par le système impérialiste-néocolonialiste, il faut des méthodes directes, efficaces qui peuvent impacter. La non-violence qui a longtemps été prônée, a lamentablement montré ses limites face à des régimes sanguinaires, incompétents et insensibles à la misère du peuple.  Ces régimes qui se perpétuent et s'éternisent ne font que faire sombrer le continent dans le " bas-fond ". L’un des facteurs de cette promotion de la non-violence est bien sûr la prolifération des ONGs et autres groupes de société civils recevant des fonds soit directement des pays impérialistes ou des fondations des capitalistes masqués en philantropes. Tout en permettant aux populations de se mobiliser de temps en temps, ces ONGs les empêchent de faire avancer leur révendications pour un vrai changement. Bien sûr, l’usage de la violence a aussi eu des retombées négatives sérieuse, surtout dans des pays où les populations ont été traumatisées par des années de guerres, tueries fratricides et autres luttes armées parfois légitimes ou parfois manipulées par les impérialistes. 

Dans tous les cas, il faudrait utiliser de nouvelles actions pour penser, bouger et changer les choses, car il est insensé de refaire la même chose et espérer des résultats différents. Une approche serieuse à la lutte doit être scientifique, donc précise. 

Tout d’abord le peuple d'Afrique noir devra comprendre que seule la lutte libère, et face à des dirigeants qui ont des armes létales et qui n'ont plus la conscience de différencier le bien et le mal , on ne les affrontent pas avec la prêche , mais plutôt en se montrant plus courageux et plus fort. L'expérience de la lutte des peuples a montré ces prouesses, avec un exemple marquant étant les mouvements des étudiants qui à travers les âges a toujours été l’étincelles pour lancer la révolution. Mais plus important encore, il faut une sérieuse éducation politique et idéologique. Sans idéologie claire, on est susceptible à des manipulations et à des intimidations. Il n’est nécessaire de rappeler les maintes fois que les impérialistes ont la capacité d’exploiter la frustration et la colère du peuple pour les inciter à soit prendre les armes ou à perturber la vie normale du pays. Seule l’éducation politique peut contrer ces manipulations. Sans idéologie claire et révolutionaire, on est aussi susceptible à rester statique et détaché de la réalité. Encore une fois, la révolution doit être scientifique et les tactiques doivent être basés sur des conditions matériels et concrets. Sans idéologie claire, révolutionnaire et panafricaine, on est susceptible d’être écrasé même si on a la formation guérilla la plus solide. Tout mouvement de libération en Afrique qui n’est pas panfricaniste révolutionnaire court le risque d’être utiliser contre les Africains qu’il pretend vouloir libérer. Le Panafricanisme révolutionnaire, pour rappel, est la libération et l’unification de l’Afrique sous les principes du socialisme scientique.

Une organisation révolutionnaire panafricaniste sérieuse doit donc oeuvrer pour la conscientisation des peuples africains, la propagation idéologique du panafricanisme révolutionnaire et la lutte pour matérialiser ce panafricanisme révolutionnaire en usant des actions positives et de tous les moyens nécessaires. 

Nous reconnaissons que la lutte sera longue et tortueuse, mais nous sommes engagés jusqu’au bout.

D.M. & K.S.

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