Promouvoir La Culture Traditionnelle Tout En Luttant Contre La Discrimination Envers Les Femmes
Le monde actuel évolue à un rythme exponentiel, où le développement au niveau technologique et culturelle marque leurs territoires. Nous nous retrouvons souvent dans un dilemme de fidélité ou d’adaptation ; fidélité par rapport à nos origines et adaptation par rapport à la modernisation. Mais bien de fois le dilemme n’est pas aussi noir et blanc qu’il le paraît.
La mondialisation est perçue par plusieurs comme étant un poison qui nous anéantit progressivement, mais ma réflexion est autre. Je la vois tout simplement comme un moyen ou une voie pour donner nos cultures traditionnelles des dimensions nouvelles et approfondies. Et c’est ainsi que nous pouvons aborder le terme « la promotion de la culture traditionnelle africaine tout en luttant contre la discrimination envers les femmes » sans pour autant dériver dans l’oubli de nos origines. Je vois que cette promotion doit servir une opportunité pour donner à la femme africaine une place pour exprimer pleinement sa pensée. En effet, quoique maintes fois minimisée, persécutée et discriminée, un potentiel inestimable sommeille dans la femme africaine. La société d’autrefois, conservatrice, ne se rendait pas compte que l’avenir c’est la femme, le développement c’est la femme, l’espoir c’est la femme, la vie c’est la femme. L’égalité des genres et de sexes est primordiale pour ne plus mettre la femme africaine à l’écart des instances de décision ou d’être soumise à des normes discriminatoires. Conséquemment, l’émancipation de la femme africaine doit être une partie intégrante dans nos cultures traditionnelles afin de garantir une bonne cohésion sociétale.
Il est important de rappeler qu’à cause du projet de colonisation occidentale, nos cultures ont été exposées sur les scènes mondiales avec une façade dénigrante et dévalorisante entrainant une mauvaise compréhension des traditions africaines. Certains africains vont jusqu’à renier leurs origines juste pour se conformer au modèle occidental, tout ça parce qu’ils ont internalisés la mauvaise perception de leur culture.
Cependant, toute en rejetant ce dénigrement et aliénation de notre culture, il est impératif de repenser notre rapport à la culture africaine non pas comme une prison figée dans le passé, mais comme un terreau vivant, fertile et dynamique qui peut — et doit — s’adapter aux enjeux contemporains, notamment ceux liés à l’égalité des sexes. Il ne s’agit pas de rejeter nos traditions, mais de les réinterroger, de les revisiter, de les purifier de toutes les pratiques qui ont, consciemment ou inconsciemment, participé à marginaliser la femme africaine.
En outre, promouvoir la culture traditionnelle africaine, c’est aussi valoriser les rôles positifs que les femmes y ont toujours joués, bien que ces rôles aient souvent été effacés ou minimisés dans les récits officiels. Pensons aux reines, aux guérisseuses, aux combattantes, aux poétesses, aux femmes sages, aux protectrices du savoir ancestral et de la terre. Elles étaient là. Elles ont toujours été là. Ce sont ces figures-là qu’il nous faut remettre au cœur de notre mémoire collective.
Ainsi, l’éducation joue un rôle fondamental. Éduquer les jeunes générations à aimer leur culture, à en être fiers, tout en leur donnant les outils critiques pour en corriger les dérives sexistes. Cela doit être une priorité pour nos mouvements. Les proverbes, les récits oraux, les cérémonies et même les chants peuvent être revisités pour porter un message d’équité et de respect mutuel entre les sexes. Il est temps que les contes africains cessent de n’attribuer à la femme que des rôles de soumission ou de silence. Il est temps de raconter nos mères, nos sœurs, nos aïeules comme des actrices de changement, des bâtisseuses de paix et des voix de la sagesse.
Dans le même élan, il est nécessaire que les coutumes cessent d’être utilisées comme prétextes pour justifier des pratiques discriminatoires telles que le mariage précoce, l’excision, l’exclusion des filles de l’héritage ou la non-scolarisation des jeunes filles. Ces pratiques ne doivent plus être perçues comme « culturelles », car elles ne reflètent ni la noblesse ni la richesse de l’Afrique. La culture, pour mériter son nom, doit élever l’être humain, pas l’opprimer.
La femme africaine d’aujourd’hui ne demande pas la permission d’exister. Elle revendique sa place dans les sphères de décisions, dans les cercles du savoir, dans la gestion des ressources naturelles, dans la conservation des écosystèmes, et dans la transmission des savoirs ancestraux. Promouvoir notre culture, c’est donc lui tendre un micro, lui ouvrir des portes, lui donner les moyens de créer, d’innover et d’enseigner à son tour.
Ce travail de réconciliation entre tradition et égalité peut se faire grâce à des espaces de dialogue intergénérationnel. Écouter les anciens, les chefs coutumiers, les mamans de la communauté, tout en leur présentant une nouvelle vision du monde, où les valeurs traditionnelles peuvent coexister avec les droits humains universels.
Finalement, notre culture traditionnelle ne peut pas évoluer si elle exclut la moitié de son potentiel. La femme africaine n’est pas une simple spectatrice de l’histoire, elle en est l’autrice, la mémoire et la flamme. Promouvoir notre culture, c’est rendre justice à la femme africaine, l’inviter à la table des transformations, et reconnaître qu’aucune Afrique forte et prospère ne peut se construire sans elle.
Nous reconnaissons que la lutte pour atteindre cet objectif est longue, mais nous sommes engagées jusqu’au bout, jusqu’à la victoire.