Peuple Qui Refuse D’être Divisé Est Un Peuple Invincible
De plus en plus visible, de moins en moins théorique, la fragmentation de la République Démocratique du Congo se dessine sur fond de pillage, de conflits instrumentalisés, et d’un silence international assourdissant. Une tragédie aux allures de stratégie impérialiste moderne.
Au centre du continent africain bat le cœur d’un géant aux pieds enchaînés : la République Démocratique du Congo. Riche de son sol, de son sous-sol, de sa culture et de son peuple, ce pays devrait rayonner comme un pilier du développement africain. Pourtant, il demeure depuis des décennies prisonnier d’une instabilité chronique, le théâtre d’un conflit silencieux, mais structuré, qu’on appelle désormais par son vrai nom : la balkanisation.
Ce n’est plus une hypothèse conspirationniste. Ce n’est plus une simple rumeur agitée dans les cercles panafricanistes. C’est une réalité géopolitique en marche, savamment orchestrée, financée et entretenue. Derrière les conflits à répétition dans l’est du pays, derrière les massacres, les déplacements de populations, les groupes armés aux acronymes changeants, mais aux mécènes constants, se cache une dynamique lourde : celle d’un démembrement méthodique du territoire congolais.
La balkanisation est ce processus insidieux par lequel un État est fragmenté en entités plus petites, souvent bâties sur des identités ethniques, des rivalités régionales ou des frustrations historiques, jusqu’à en faire un archipel d’unités faibles, manipulables et exploitables.
Dans le cas de la RDC, cette dynamique sert des intérêts bien précis : ceux des puissances impérialistes et des multinationales. Là où l’État est absent, là où règne le chaos, le pillage devient légal, ou tout au moins sans conséquences. Coltan, Cobalt, Or et Diamants : les entrailles du Congo sont ouvertes, saigneuses et vidées à ciel ouvert, pendant que ses enfants meurent dans l’anonymat.
Les groupes armés tels que le M23, les ADF et d'autres milices ne sont que les bras armés d’un agenda économique et géopolitique froidement calculé. Armés, financés, recyclés, ces acteurs non étatiques ne surgissent pas par hasard. Ils instaurent la peur, créent des corridors d’exploitation, déplacent les populations et laissent les ressources sans gardien. Pendant ce temps, les pays voisins, en particulier le Rwanda et l’Ouganda, apparaissent miraculeusement comme des exportateurs majeurs de ressources qu’ils ne possèdent pas. Une ironie ? Non. Une fraude systémique à grande échelle.
Plus glaçant encore : l’hypocrisie de la communauté internationale. Sous couvert de missions de paix, de conférences diplomatiques et de rapports d’experts, elle continue de déployer une rhétorique humanitaire tout en fermant les yeux sur la réalité : celle d’un Congo qu’on laisse agoniser à petit feu pour mieux en exploiter les restes.
Et que dire de certaines réformes internes comme le découpage territorial, sous prétexte de proximité administrative, qui sont vues par de nombreux analystes comme une étape préparatoire vers une atomisation du pays, renforçant des identités régionales aux dépens de l’unité nationale.
Aujourd’hui, la RDC est à la croisée des chemins. Elle peut céder à l’éclatement ou se relever. Elle peut se résigner à devenir un champ de bataille perpétuel pour des puissances étrangères déguisées en partenaires, ou affirmer sa souveraineté par une refondation complète de son État.
Cela passera par un renforcement de ses institutions, une justice capable de briser l’impunité, une armée républicaine et disciplinée, une diplomatie offensive au service de l’intérêt national, et surtout, une conscience populaire éveillée et unie.
Parce que si la balkanisation réussit en RDC, elle deviendra un précédent pour l’ensemble de l’Afrique. Ce ne sera pas uniquement la chute du Congo, mais celle de l’idée même d’un continent souverain.
La balkanisation de la RDC n’est pas une fatalité.
Mais elle est une menace imminente.
Elle appelle à la lucidité, au courage, à l’engagement.
Et à cette vérité simple : un peuple qui refuse d’être divisé est un peuple invincible.
Tunataka amani, apana vita.