Il Est Temps D’élever Nos Voix
Pour nos morts. Pour nos vivants. Pour nos lendemains.
La République Démocratique du Congo n’est pas seulement un pays.
C’est une plaie ouverte.
C’est une mère qui pleure tous ses enfants d’un seul cri.
C’est un peuple qui avance, depuis trop longtemps, dans l’ombre et le silence.
Mais aujourd’hui, il est temps.
Temps d’élever nos voix.
Pas seulement pour crier.
Mais pour que le monde entende, enfin.
Et surtout, pour que nous-mêmes nous nous entendions vivre.
Élever nos voix pour nos morts.
Pour les enfants de Beni, découpés comme des bêtes.
Pour ceux de Goma, fuyant les bombes pour mourir dans les camps.
Pour ceux de l’Ituri, jetés dans des fosses sans nom.
Pour Kwamouth, ravagé par la haine entre frères.
Pour le Kasaï, où l’on a brûlé des vies entières dans les champs.
Pour Bunia, Butembo, Djugu massacrés sous le regard muet du monde.
Pour Kinshasa, où l’on bat à mort ceux qui réclament juste du pain.
Pour Kolwezi et Likasi, broyés dans les mines pour des batteries qu’ils n’utiliseront jamais.
Pour Fizi, Bukavu, Uvira, Mwenga – effacés par les milices comme si leur vie n’avait jamais compté.
Et pour tous les autres.
Ceux dont on ne dit jamais le nom.
Parce qu’ils sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment.
À eux, nous devons la mémoire.
À eux, nous devons la justice.
À eux, nous devons notre voix.
Élever nos voix pour nos vivants.
Ceux qui restent.
Ceux qui reconstruisent chaque matin avec des mains vides et un cœur immense.
Ces femmes qui portent à la fois la douleur et l’avenir.
Ces enfants qui apprennent sans bancs, sans livres, mais jamais sans espoir.
Ces médecins qui soignent l’impossible.
Ces jeunes qui créent plutôt que de détruire.
Ces artistes, pasteurs, commerçantes, pères courageux, étudiants sans avenir, enfants sans enfance…
Ceux qui tiennent le pays debout, alors que tout pousse à tomber.
Élever nos voix pour nos lendemains.
Parce que nous refusons que demain soit une copie d’hier.
Parce que le silence est devenu une prison. Et que nous voulons respirer.
Parce que chaque province est un cœur. Et qu’aucun ne doit cesser de battre.
Le Tanganyika, oublié jusqu’à l’indifférence.
Le Bas-Uele, sans routes, sans soins, sans voix.
Le Kwilu et le Maï-Ndombe, rongés en silence par des conflits ignorés.
Le Nord et le Sud-Ubangi, au bord de tout, mais loin de tout.
Le Maniema, pillé et troué comme s’il n’était qu’un gisement.
L’Équateur, riche mais vidé de tout.
Le Kongo-Central, qui crie derrière les containers du port.
Le Sud-Kivu, où les femmes deviennent tombeaux et miracles à la fois.
Le Nord-Kivu, théâtre quotidien d’un sang qui ne sèche jamais.
Ce n’est plus l’heure du silence.
C’est l’heure du courage.
Il est temps de dire NON.
Non à la résignation.
Non à la manipulation.
Non à l’indifférence.
Non à l’oubli.
Nous ne voulons plus seulement survivre.
Nous voulons vivre.
Libres. Dignes. En paix.
Ce combat n’est pas pour un parti.
Ni pour un président.
Il est pour notre humanité.
Il est pour notre mémoire.
Il est pour notre avenir.
À toi qui lis ces mots…
Que tu sois à Kisangani, Matadi, Bukavu, Paris, Montréal ou Bruxelles :
Tu es Congo.
Et si toi tu ne parles pas, qui parlera ?
Si toi tu ne pleures pas, qui pleurera ?
Si toi tu ne marches pas, qui avancera ?
Il est temps.
Il est vraiment temps.
D’élever nos voix.
Pour nos morts.
Pour nos vivants.
Pour nos lendemains.
Pour que l’Histoire ne s’écrive plus sans nous.
Pour que le monde ne regarde plus sans voir.
Pour que nous ne soyons plus les oubliés de la vie.