Brûler Comme Kimpa Vita, Rouler Comme Fatshi

(RD Congo, entre Foi et Illusion)

Ce poème, je le dédie à mon pays, la RDC,

et à tous les militants honnêtes comme moi,

qui, malgré les défis, gardent l’espoir et l’amour pour cette terre.

Je viens d’un pays aux veines ouvertes,

Où le soleil se lève sur des cris étouffés.

Un pays qu’on maquille pour les bulletins de 20h,

Mais dont la douleur suinte sous chaque pierre, chaque pas.

Un pays qu’on applaudit aux sommets,

Mais qu’on piétine dans ses collines.

Un pays trop riche pour être libre,

Trop beau pour qu’on le laisse en paix.

Moi, je suis né là.

Entre les tambours qu’on n’écoute plus,

Et les balles qu’on entend trop souvent.

Entre la mémoire qu’on enterre,

Et les promesses qu’on vend.

Je suis né là,

Où le ciel semble sourd,

Et la terre fatiguée de porter tant de morts.

Brûler comme Kimpa Vita,

Ce n’est pas mourir.

C’est dire “NON” même quand ça coûte tout.

C’est se tenir debout,

Quand les rois veulent t’agenouiller.

C’est porter l’Afrique dans son ventre,

Et l’offrir au ciel, même au prix du feu.

Elle n’avait ni armée, ni palais,

Mais elle avait la foi.

La vraie.

Celle qui dérange les trônes,

Qui bouscule les empires.

Son nom n’est pas dans les rues,

Mais il vit dans chaque cœur qui refuse de plier.

Son feu ne s’est jamais éteint.

Il brûle encore.

Et moi, je veux brûler comme elle.

Rouler comme Fatshi,

Ce n’est plus gouverner.

C’est user les pneus des jeeps sur nos routes oubliées,

C’est tendre la main aux puissants pendant que l’Est saigne,

C’est signer des paix sans lendemain,

Pendant que les provinces pleurent sans cercueils.

Le Nord-Kivu est en feu,

Le Sud-Kivu s’effondre,

BUNAGANA est occupée,

RUTSHURU encerclée,

MASISI étranglée,

L’ITURI s’éteint dans l’indifférence.

Et pendant ce temps,

Le M23 défile comme s’il était chez lui,

Chante plus fort que notre hymne,

Pose ses lois sur notre terre,

Pendant que Kinshasa s’habille pour les sommets.

Ce n’est plus une guerre.

C’est une occupation.

Sous silence.

Sous complicité.

Sous costume-cravate.

Il a hérité d’un rêve,

Et l’a troqué contre des slogans.

Il a promis la dignité,

Mais a livré notre terre, miette après miette,

Pendant que les mères pleurent leurs enfants

Dans des villages que personne ne nomme.

À quoi bon voter,

Si la douleur change de nom mais pas de visage ?

À quoi bon les discours,

Si les larmes de nos frères inondent les vallées

Pendant que les drones filment les parades militaires ?

RDC,

Ton sol est plus précieux que tous les coffres du monde,

Mais ton peuple est pauvre…

Pas de cœur, mais de justice.

Pas de paix, mais du silence.

Pas de pain, mais des discours.

Pas d’amour, mais des calculs.

Moi, je veux brûler comme Kimpa Vita.

Pas pour briller,

Mais pour éclairer.

Pas pour dominer,

Mais pour défendre.

Pas pour survivre,

Mais pour exister pleinement.

Je refuse de rouler comme Fatshi.

Je ne veux pas de pouvoir vide,

Ni de fauteuil taché de compromissions.

Je ne veux pas de paix à crédit,

Ni de promesses livrées à l’ennemi.

Je veux crier comme Kimpa.

Je veux dire la vérité,

Même si elle dérange,

Même si elle coûte,

Même si elle brûle.

Je veux croire encore,

Même si l’avenir semble étouffé.

Je veux espérer,

Même quand le pays saigne.

Je veux me battre, NITA BIGANA, NITA PAMBANA,

Pas avec les armes,

Mais avec les mots, la foi et l’amour.

Et si ce texte traverse les années,

Qu’il dise ceci :

Ici a parlé un enfant du Congo.

Pas pour maudire,

Mais pour que les âmes se lèvent enfin.

Pas pour condamner,

Mais pour que la vérité brûle à nouveau,

Comme un feu qui libère,

Et non qui consume.

Car tant qu’un seul Congolais pleure,

Tant qu’un village brûle sans secours,

Tant qu’une femme fuit dans la nuit,

Tant qu’un enfant meurt sans nom

Alors je n’ai pas le droit de me taire.

Je brûlerai.

Comme Kimpa.

Jusqu’à ce que le Congo respire enfin

OUI,

Jusqu’à ce que le Congo respire enfin

M.V.P.

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