LES GUERRES QU’ON NE VOIT PAS/NOUS LE PEUPLE SANS BANQUE
Nous, peuple sans banque,
Nous déposons nos espoirs dans les poches déchirées du destin.
Nous trinquons nos rêves pour un avenir incertain
Nos économies dorment sous code et empreinte,
et se réveillent vides, prisonnières du manque.
Airtel Money, M-Pesa, Orange Money des noms doux
pour des systèmes qui nous avalent lentement.
Chaque transaction est un soupir, chaque retrait,
une goutte de sang de plus sur la dignité du pauvre.
Ils ont troqué nos portefeuilles contre des codes,
Et nos regards contre des écrans froids,
Sous leurs doigts, le monde explose et implose,
Mais nos cœurs, eux, ne se connectent pas.
Nos rêves se mesurent en mégas,
Nos peurs en notifications,
On like la vie qu’on n’a pas,
Et on scrolle nos déceptions.
Ils ont fait taire nos voix dans le bruit des transferts,
Nos âmes facturées à chaque mise à jour,
On signe des contrats avec des prières,
Et l’amour devient une option “retour”.
Le peuple regarde les chiffres danser à la télé,
Pendant que les marmites fredonnent, le vide.
Les enfants comptent des rêves en silence voilé,
Et demain reste un mot timide
Les mamans font la queue pour un peu d’espérance,
Les pères philosophent devant les étiquettes,
La vie devient un crédit sans échéance,
Et Dieu, le seul banquier sans dette.
Nos dirigeants ? Ils parlent de stabilité,
Tandis que nos ventres se creusent de promesses,
Ils signent des accords dans la pénombre des réalités,
Et leurs sourires sèchent nos tristesses.
Mais le peuple, lui, endure.
Il apprend à rire avec la douleur,
À bâtir des maisons de courage avec des pierres de rien,
À espérer, même quand le ciel s’écroule.
Un jour, peut-être,
On comptera autrement :
Non pas en francs, ni en dollars,
Mais en cœurs relevés,
En rêves reconstruits,
En enfants qui mangent sans honte ni attente.
Ce jour-là,
Le Congo se lèvera non pas avec un taux,
Mais avec une âme.
Et les murs de Kinshasa, de Goma, de Bukavu, du Katanga, du Kasaï, de l’Équateur, de l’Ituri...
Résonneront d’un seul cri :
Nous sommes encore debout.
NOUS AVONS SURVÉCU À TOUT, MÊME AU SILENCE ;
Oui
NOUS AVONS SURVÉCU À TOUT, MÊME AU SILENCE.